vendredi 17 août 2007

Qualif. Euro 2008 - Domenech


Raymond Domenech revient sur sa sélection élargie à 34 joueurs pour les matches contre la Slovaquie. Le sélectionneur de l'équipe de France, qui s'explique aussi sur ses déclarations tapageuses sur l'Italie, assure vouloir mobiliser tout le monde pour préparer au mieux les trois mois à venir.
RAYMOND DOMENECH, vous avez choisi d'organiser deux matches amicaux contre la Slovaquie (A et A'). Pour quelles raisons ?
R.D. : C'est simple, le mois d'août est primordial. Ces deux matches sont le moment crucial d'une saison. D'une époque. Surtout que l'équipe joue la qualification à l'Euro. Les trois mois qui arrivent seront décisifs. L'Euro se jouera dans ces trois mois. Mais voilà en ce moment, les joueurs sont à droite et à gauche. Certains ont repris et d'autres non. Cette rencontre du mois d'août est capitale pour regrouper tout le monde et refixer les objectifs.
Est-ce que les deux matches vont ressembler à des rencontres de sélection ? Ou alors est-ce que l'un des deux servira de préparation pour le match contre l'Italie ?
R.D. : Normalement oui. Mais je vais maintenir tout le monde sous pression car l'Italie et l'Ecosse arrivent vite. Tous les joueurs doivent être concernés. Surtout qu'on ne sait pas qui jouera en Italie. Mais attention, on n'a pas encore défini la répartition. On verra le dimanche et le lundi, pour voir où en sont les uns et les autres. Les 34 joueurs doivent être concentrés sur les deux matches. L'Euro se profile, il faudra être présent pour montrer sa valeur. C'est une seule et même équipe. Le staff est le même. L'idée est de se dire que tout le monde doit être mobilisé. Je ne fais pas de hiérarchie.
La composition élargie a un côté rassurant car il y a beaucoup de monde à disposition mais est-ce que cela n'a pas un côté inquiétant d'une sélection qui n'est pas bien établie...
R.D. : C'est ce qu'on dit souvent. Quand on a une équipe sûre de 11, 12 ou 13 joueurs, on se dit qu'on est tranquille. Mais sur le long terme temps, on a vite quelques soucis. Mais pour un sélectionneur, il y a l'échéance à court terme mais surtout à moyen terme. Mobiliser tout le monde, pour la qualification, l'Euro mais aussi dans la suite derrière. Ça fait partie du rôle de sélectionneur. Il y a le bon et le mauvais côté d'avoir une sélection élargie.
Teddy Richert est le seul joueur que vous n'aviez jamais appelé. N'avez vous pas été tenté de retenir d'autres éléments qui n'étaient jamais venus en bleu. Comme Yoann Gourcuff...
R.D. : Oui. On aurait pu. Mais certains sont avec les Espoirs. En plus, ils vont jouer l'Italie. Je ne voulais pas les priver de ce match. Là, le projet est à court terme.
Et pourquoi avoir laissé sur le carreau des joueurs comme Sylvain Wiltord et Ludovic Giuly...
R.D. : On a pris 34 joueurs dans un esprit bien particulier : pour mobilier tout le monde. Mais attention, cela ne veut pas dire qu'il n'y aura que ces 34 sélectionnés sur les prochains matches. Ces trois mois sont importants mais on ne sait ce qui peut arriver si on se qualifie.... La porte reste ouverte pour tous. Je ne sais pas ce qui va se passer dans un mois encore moins dans six mois. A eux d'être performants. Pour le Mondial, Franck Ribéry avait été retenu au dernier moment. Mikaël Silvestre était aussi revenu pour le dernier match. En clair, ce n'est pas une fermeture totale mais une ouverture. On a deux matches. Il n'y a pas de A'. Mais deux équipes de France ! C'est un groupe entier avec lequel on va passer trois jours pour redéfinir les valeurs du groupe. Si on veut aller au bout à l'Euro, ça passe par là. Il faut que tout le monde tire dans le même sens.
Le statut de certains joueurs en équipe de France vous empêchera-t-il de les aligner en équipe de France A' ?
R.D. : Je le répète. Il n'y a pas d'équipe A'. C'est une même équipe de France élargie. Avec deux matches. Notre objectif est qu'ils retrouvent tous l'envie de jouer en bleu.
Est-ce que les deux équipes auront le même projet de jeu ?
R.D. : J'ai toujours dis que je n'étais pas attaché à une organisation. A un système. En plus, je ne sais pas qui sera en état d'être aligné, qui aura joué le dimanche. Il y a un équilibre à trouver. Là, on est plus là dans la motivation et l'aspect physique que dans l'organisation. Ce n'est pas l'essentiel.
Vous avez retenu quatre gardiens (Ndlr : Frey, Landreau, Ramé et Richert), comment cela va-t-il se passer ?
R.D. : Pour les portiers, on aura 1, 2, 3 et 4. Je ne sais pas encore si le numéro 2 jouera en A'. Ça peut être une solution intéressante aussi. Mais tant qu'on n'est pas le lundi, c'est difficile de s'exprimer là-dessus. Il faut attendre pour savoir qui sera prêt.
En sélectionnant 34 joueurs, ne craignez-vous pas que les entraîneurs et présidents des clubs s'agacent de cette mobilisation ?
R.D. : Ça ne change rien par rapport à d'habitude. Les présidents sont même contents. Pour les entraîneurs, 0 ou 1 joueur retenu ne modifie pas la donne. Dans ce cas, on pourrait même rajouter les sélections espoirs. Beaucoup de monde peuvent être concernés. Il est vrai que le mois d'août est chargé en L1. Mais le fait d'avoir un groupe élargi va m'aider pour gérer cela. Je vais pouvoir faire plus jouer les "Européens" que les "Français". C'est l'avantage de ces matches du mois qui me permet de ramener tout le monde au même niveau.
Plus qu'un résultat, c'est un état d'esprit que vous attendez ?
R.D. : Oui. Ce qui compte c'est de se mobiliser. Il y a l'Italie, l'Ecosse et les Iles Féroé qui se profilent. Il faut être prêt. Notre but est d'ancrer cela dans la tête des joueurs.
Alors que Le MUC 72 est en tête de la Ligue 1 après trois journées. Vous n'avez pas pris un seul Manceau.... Vous avez toujours un oeil sur le Championnat de France ?
R.D.: Oui j'aime beaucoup Grafite. Mais plus sérieusement, Yohann Pelé est une option pour le futur. Mais il est encore jeune. Cette liste a été construite avec des joueurs qui peuvent être sollicités sur les deux mois à venir. Des joueurs capables de donner un coup de main sur les matches qui arrivent.
Vous parlez d'envie de jouer en équipe de France. Pourtant, vous avez appelé Philippe Mexès et David Trezeguet. Et pourtant, le Romain vient de déclarer que moins il entendait parler de l'équipe de France, mieux c'est pour lui. Trezeguet vous a aussi critiqué. Comment expliquez-vous votre choix ?
R.D. : Je n'ai pas pour habitude de rentrer dans les polémiques. En général, je les fais (sourire). Et je n'ai pas pour habitude de croire ce que je lis dans la presse. Je suis bien placé pour le savoir. Je prends des joueurs qui ont le potentiel pour être en équipe de France. Et après s'il y a des discussions à avoir, je les aurais avec eux. L'affectif a disparu de ma discussion. Ce qui compte c'est que les Bleus se qualifient pour l'Euro. Je prends les joueurs qui ont le potentiel pour atteindre ce but. Vous savez si le pire personnage serait utile à l'équipe de France, je le ferais jouer.
Justement, regrettez-vous vos propos sur l'Italie. Et notamment vos accusations d'"arbitre acheté" pour un match des Espoirs en 1999 ?
R.D. : Je n'ai rien dit. Je n'en parlerai pas aujourd'hui. L'UEFA a demandé une enquête et je dois répondre, je vais écrire et y aller volontiers. Je répondrai à la commission chargée d'étudier ce qu'il y a sur ce papier du Parisien.
Comment avez-vous pris les déclarations du président de la FFF, Jean-Pierre Escalettes, qui a pris ses distances par rapport à vous ?
R.D. : Ça prouve au moins une chose : que les pouvoirs sont bien partagés à la fédération. J'ai le pouvoir de dire ce que je veux. Le président fait son travail de président. C'est le privilège en France de la séparation des pouvoirs.
Vous parlez de mobiliser les joueurs avec deux équipes. Est-ce que cette polémique n'est pas le meilleur moyen pour y arriver ?
R.D. : On verra après l'Ukraine. En football, il a toujours des choses qui arrivent mais ce n'est qu'à la fin que l'on peut juger de l'efficacité. Après, on peut faire le bilan et dire : "Ça s'était bien et ça non". On attendra le mois de novembre pour savoir si les conneries que j'ai sorties ont servie à quelque chose ou pas.
Dans cette interview, vous encouragiez aussi la provocation sur un terrain de football...
R.D. : J'aime bien cette question. Je n'ai jamais dis cela. C'est une interprétation de mes propos. J'ai dis que dans le football, la provocation existe. Il faut donc être capable d'y résister. Mais je n'encourage personne à faire de la provocation. Cela ne fait pas partie de mon éthique. Mais je dis que cela existe. Il faut donc s'y préparer. C'est le sport de haut niveau.
Propos recueillis par Glenn CEILLIER / Eurosport

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